jeudi 16 juillet 2020

Une délicate boîte à cosmétique en forme de chapiteau composite


Boîte à cosmétiques en forme de chapiteau composite - faïence vitreuse - Époque tardive - Période Ptolémaïque 664 - 300 av. J.-C.
provenance inconnue - acquise en 1999 auprès de Emmanuel Tiliakos (Winchester, Massachusetts)
par le Metropolitan Museum of Art de New York - numéro d'entrée : 1999.213a, b - photo du MET

Cette délicate boîte à cosmétique, haute de 8,5 cm et large de 9 cm, est en faïence vitreuse, d'une douce couleur bleu-vert.
 
Finement sculptée, son esthétique étudiée est empreinte de fraîcheur et de douceur, à l'image de son précieux contenu. 
Exemple de colonne à chapiteau composite au  Kiosque de Trajan à Philaé

Son couvercle s'épanouit généreusement en la forme d'un chapiteau composite. Les chapiteaux de colonne reprennent, le plus souvent, des motifs végétaux : ainsi trouve-t-on, notamment, des colonnes lotiformes, papyriformes, ou encore palmiformes. Celui-ci, apparu à l'époque ptolémaïque et romaine, rassemble plusieurs espèces végétales et conjugue les styles, ce qui lui a donné son nom. … Ainsi avec ses tiges, ses boutons, son décor végétal explose, se mêlant à des palmettes et volutes, le tout dans une luxuriance d'une symétrie parfaite…
Boîte à cosmétiques en forme de chapiteau composite - faïence vitreuse - Époque tardive - Période Ptolémaïque 664 - 300 av. J.-C.
provenance inconnue - acquise en 1999 auprès de Emmanuel Tiliakos (Winchester, Massachusetts)
par le Metropolitan Museum of Art de New York - numéro d'entrée : 1999.213a, b - photo du MET

Au centre de la partie basse, dans ce qui s'apparente à des ligatures, un trou a été percé. Le Metropolitan Museum of Art de New York où est exposé cet objet précise : "Le trou dans le couvercle et la douille indiquent qu'une cheville a permis au couvercle de pivoter dans les deux sens". 

Ce système simple permettait, peut-être sur la simple pression d'un doigt, d'accéder aux précieux onguents …. .

Le réceptacle est séparé en trois compartiments "courbes" aménagés en parfaite symbiose avec l'aspect général : le supérieur occupe toute la largeur alors que la partie basse est séparée en deux sur sa hauteur. 
Boîte à cosmétiques en forme de chapiteau composite - faïence vitreuse - Époque tardive - Période Ptolémaïque 664 - 300 av. J.-C.
provenance inconnue - acquise en 1999 auprès de Emmanuel Tiliakos (Winchester, Massachusetts)
par le Metropolitan Museum of Art de New York - numéro d'entrée : 1999.213a, b - photo du MET

"La forme de la boîte était probablement moulée mais les détails sur le couvercle et les divisions intérieures semblent avoir été définis après que la pièce ait partiellement séché" précise Diana Craig Patch ("Recent Acquisitions, A Selection : 1998–1999, The Metropolitan Museum of Art Bulletin, v. 57, n° 2, Fall, 1999")..

Ce ravissant objet a-t-il eu sa place dans le nécessaire de toilette d'une élégante dame de la bonne société ? Les précieux onguents, baumes ou pommades qu'il contenait ont-il préservé sa peau, embelli sa coiffure, ou encore apaisé quelque blessure ou irritation ? Ou bien a-t-elle réservé leur usage pour se protéger contre un "mal" moins "visible" ?

Il se peut en effet qu'il ait été destiné à une fonction plus "subtile" … Thierry Morant, dans son étude "Parfums et cosmétiques dans l’Egypte ancienne" nous éclaire ainsi :  "En fait, au-delà d’un simple usage esthétique auquel nos contemporains sont très sensibles, il faut mesurer le degré très avancé de l’interpénétration des aspects religieux et profanes. L’Egyptien ancien était un être qui vivait dans un monde où le sacré était essentiel, un être pour qui il était indispensable au terme de sa vie terrestre de se préparer à sa seconde vie, dans ce que nous appelons peut-être improprement le paradis d’Osiris. Et pour y parvenir, l’usage des cosmétiques, fards, onguents, et autres pommades lui était indispensable".

D'autre part, - comme son apparence ne manque pas de le suggérer -, il a pu être destiné à un usage sacré dans un lieu de culte. Cette version est peut-être d'ailleurs celle privilégiée par le MET : "De tels contenants peuvent avoir appartenu à des membres de l'aristocratie égyptienne, mais les recherches suggèrent qu'ils étaient plus susceptibles d'être utilisés pour les rituels du temple, une fonction que la décoration renforce".
Boîte à cosmétiques en forme de chapiteau composite - faïence vitreuse - Époque tardive - Période Ptolémaïque 664 - 300 av. J.-C.
provenance inconnue - acquise en 1999 auprès de Emmanuel Tiliakos (Winchester, Massachusetts)
par le Metropolitan Museum of Art de New York - numéro d'entrée : 1999.213a, b - photo du MET

Les onguents, rappelle Jean-Pierre Corteggiani, étaient en effet : "offerts aux dieux en tant que produit ou appliqués en onction sur les statues ou sur la personne du roi".

Sa datation est estimée de la XXVIe dynastie, à la période ptolémaïque, soit 664-300 avant J.-C. (Diana Craig Patch, "Recent Acquisitions"). 

Quant à sa provenance "antique", elle est malheureusement inconnue… Entre quelles mains cet artefact a-t-il transité jusqu'à son arrivée aux Etats-Unis où il se retrouve en vente à la galerie "Origins" de Boston, à la fin des années 1960 ? Il intègre alors une collection particulière… Puis, c'est chez le collectionneur Emmanuel Tiliakos, dans le Massachusetts, que le Metropolitan, en fera l'acquisition en 1999. Il y a été enregistré sous la référence 1999.213a,b.


marie grillot

sources : 
Cosmetic box in the shape of a composite capital
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/547703?&searchField=All&sortBy=Relevance&deptids=10&ft=cosmetic%20box&offset=0&rpp=20&amp%3Bpos=8&fbclid=IwAR22OKeBKEYmp_YoUR5QNw_hxt9OdwL1tI2yoF7ivjncXeUt7BVqC8tvI6c
"Recent Acquisitions, A Selection: 1998–1999": The Metropolitan Museum of Art Bulletin, v. 57, no. 2 (Fall, 1999)
Thierry Morant. Parfums et cosmétiques dans l’Egypte ancienne. Travaux & documents, Université de La Réunion, Faculté des lettres et des sciences humaines, 2010, Journée de l’Antiquité 2009-2010, pp.97–108. hal-02184481
https://hal.univ-reunion.fr/hal-02184481/document
L'Egypte ancienne et ses dieux, Jean-Pierre Corteggiani, 2007

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