Ce magnifique pectoral "au scarabée ailé" se trouvait, avec trois autres quasi identiques, autour du cou de la momie de Psousennès.
Le coléoptère, haut de 6,5 cm et large de 4,5 cm, serti d'or, est travaillé dans un jaspe vert sombre. Sa morphologie est reproduite très fidèlement et de manière très détaillée : elle révèle tout à la fois une observation attentive ainsi qu'une parfaite maîtrise d'exécution.
Ses ailes sont composées de 21 lignes horizontales, serties d'or et cloisonnées. Elles sont incrustées de pierres polychromes présentant un contraste très intéressant, alternant les couleurs chaudes et froides de jaspe rouge, verre noir, rouge et bleu …
Ses ailes sont composées de 21 lignes horizontales, serties d'or et cloisonnées. Elles sont incrustées de pierres polychromes présentant un contraste très intéressant, alternant les couleurs chaudes et froides de jaspe rouge, verre noir, rouge et bleu …
Devant lui se trouve, placé à l'horizontale, un magnifique cartouche en or dont les extrémités s'appuient, de part et d'autre, sur les ailes. Il est inscrit au nom de naissance du pharaon Psousennès Ier "Pasebakbaenniut Meramon" (littéralement 'l’étoile apparue dans la cité, aimé d'Amon'). Chaque signe est travaillé, individuellement, avec finesse, application et perfection. "L'artisan a apporté un soin particulier au rendu des signes hiéroglyphiques, exécutés dans des pierres dures polychromes grâce à la technique du cloisonné (petites alvéoles délimitées par des contours en or, remplies de pierres colorées ou de pâte de verre) analyse Silvia Einaudi dans "Les merveilles du musée égyptien du Caire".
Quant à la forte portée symbolique de cette composition soulignée par la présence du signe 'shen', elle ajoute : "Le scarabée pousse inlassablement le cartouche au nom du roi, alors qu'il traîne derrière lui le signe 'shen' symbole d'éternité".
Quant à la forte portée symbolique de cette composition soulignée par la présence du signe 'shen', elle ajoute : "Le scarabée pousse inlassablement le cartouche au nom du roi, alors qu'il traîne derrière lui le signe 'shen' symbole d'éternité".
Symbole du renouveau, de la renaissance, le scarabée est une amulette que l'on trouve très souvent dans la joaillerie égyptienne. Comme nous le rappelle Gaston Maspero ("Guide du visiteur du Musée de Boulaq, 1883") : "Le scarabée, pris comme emblème divin, représentait Khopri, le soleil levant, le soleil qui se produit (khoprou) au matin de chaque jour, et qui renaît après être mort le soir du jour précédent". Il précise aussi que : "la racine de khoprou est 'devenir' : aussi est-il devenu de bonne heure en Egypte l'emblème de la vie humaine et des devenirs successifs de l'âme dans l'autre monde".
Pour accentuer la protection et le pouvoir du coléoptère, "le chapitre 30 du Livre des morts, qui conjure le cœur du défunt de ne pas témoigner contre lui lors du jugement dernier" est gravé sur son aplat, l'assimilant ainsi à un "scarabée de cœur".
Le pendentif est accroché "au moyen de deux anneaux fixés aux ailes du scarabée, à une double chaîne de perles oblongues, en or et en pierres multicolores". Longue de 42 cm, elle se termine par un délicat et ravissant contrepoids floral, composé de bandes en pâte de verre enchâssées dans l'or.
C'est le 16 février 1940 que l'égyptologue français Pierre Montet a découvert, dans la nécropole de Tanis, la sépulture de Psousennès Ier... "Le caveau qui fut ouvert en premier lieu était meublé essentiellement d'un grand sarcophage de granit devant lequel on avait déposé les quatre canopes, une grande jarre d'albâtre et des coffrets en bois... Sur la cuve du sarcophage, les noms de Psousennès se lisent partout"...
C'est le 16 février 1940 que l'égyptologue français Pierre Montet a découvert, dans la nécropole de Tanis, la sépulture de Psousennès Ier... "Le caveau qui fut ouvert en premier lieu était meublé essentiellement d'un grand sarcophage de granit devant lequel on avait déposé les quatre canopes, une grande jarre d'albâtre et des coffrets en bois... Sur la cuve du sarcophage, les noms de Psousennès se lisent partout"...
"Fils du Grand Prêtre d'Amon Pinedjem Ier et de la princesse Hénouttaouy, fille de Smendès", Psousennès Ier fut l'un des premiers pharaons de la XXIe dynastie… Alors que le "Royaume des Deux Terres" vivait une ère de transition qui le voyait soumis à deux "entités" gouvernantes (au Sud, à Thèbes, les Grands Prêtres d'Amon, au Nord, à Tanis, les "rois tanites"), son règne d'un demi-siècle (1039 - 989 av. J.-C.) engendra une certaine stabilité politique.
Le corps du pharaon se trouvait dans le "troisième sarcophage en argent, gravé à l'intérieur et à l'extérieur". Le découvreur poursuit ainsi son récit : "La momie, toute habillée d'or, y reposait sur une planche d'argent, avec ses six colliers, vingt-deux bracelets de poignet, quatre de genou et de cheville, des pectoraux, des scarabées et des coeurs, doigtiers et sandales d'or, plus de trente bagues, le tout d'un goût parfait."
Dans "La découverte des Trésors de Tanis", Georges Goyon, membre de la mission, se souvient également : "Nous pouvions admirer des amulettes d'or en pendentifs, deux grands et élégants pectoraux d'orfèvrerie sertis d'émaux et de pierres fines, de nombreux scarabées de toutes tailles en lapis ou en hématite, quelquefois pourvus au verso d'un chapitre du Livre des Morts."
Dans "La découverte des Trésors de Tanis", Georges Goyon, membre de la mission, se souvient également : "Nous pouvions admirer des amulettes d'or en pendentifs, deux grands et élégants pectoraux d'orfèvrerie sertis d'émaux et de pierres fines, de nombreux scarabées de toutes tailles en lapis ou en hématite, quelquefois pourvus au verso d'un chapitre du Livre des Morts."
Le roi Farouk assista, en personne - et accompagné d'une nombreuse suite -, à l'ouverture du sarcophage. On ne peut manquer de s'étonner du peu de retentissement d'une telle découverte ... Mais le monde était alors en guerre, et l'accentuation du conflit mondial occupait alors tous les esprits. Dans ce contexte particulièrement instable, la mise en sécurité immédiate du trésor s'imposait. C'est en camion militaire, et sous escorte, qu'il fut transporté au Caire.
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En février 1940, Pierre Montet accueille le roi Farouk à Tanis |
On peut, depuis lors, admirer les magnifiques découvertes de la "Thèbes du Nord" au Musée égyptien de la Place Tahrir, et notamment ce pectoral qui a été enregistré au Journal des Entrées sous les références 85788-85789.
Les fouilles de Tanis livreront bien d'autres merveilles et, en 1987, l'exposition "Tanis l'or des pharaons", organisée par Jean Yoyotte au Grand Palais à Paris, permettra aux Français, émerveillés, de découvrir une grande partie de ces trésors.
marie grillot
sources :
Gaston Maspero, Guide du visiteur du musée de Boulaq, édition 1883, TYP. Adolphe Holzhausen, Vienne, 1883
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6305105w.texteImage
Pierre Montet, Les nouvelles fouilles de Tanis (1929-1932), Paris, 1933
https://archive.org/details/Montet1933
Pierre Montet, Tanis - Douze années de fouilles dans une capitale oubliée du Delta égyptien, 1942
Montet Pierre, La nécropole royale de Tanis d'après les découvertes récentes, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 89e année, N. 4, 1945, pp. 504-517
Montet, Pierre, 1 Les constructions et le tombeau de Psousennes à Tanis (1951)
https://archive.org/stream/Montet1951/Montet%2C%20Pierre%20-%201%20Les%20constructions%20et%20le%20tombeau%20de%20Psousennes%20à%20Tanis%20%281951%29%20LR_djvu.txt
André Parrot, "Pierre Montet, Les énigmes de Tanis", Syria, Tome 29 fascicule 3-4, 1952, pp. 361-362
https://www.persee.fr/doc/syria_0039-7946_1952_num_29_3_4794_t1_0361_0000_2
Georges Goyon, La découverte des trésors de Tanis, Pygmalion, 1987
Tanis l'or des pharaons, catalogue de l'exposition Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 26 mars - 20 juillet 1987
Henri Stierlin, Christiane Ziegler, Tanis Trésors des pharaons, Seuil, 1987
Pascal Vernus, Jean Yoyotte, Dictionnaire des pharaons, Editions Perrin, 2004
Guide National Geographic, Les Trésors de l'Egypte ancienne au musée égyptien du Caire, 2004
Pharaons - Catalogue de l'exposition présentée à l'Institut du monde arabe à Paris, du 15 octobre 2004 au 10 avril 2005
Jean-Pierre Corteggiani, L'Égypte ancienne et ses dieux, 2007
Isabelle Franco, Dictionnaire de mythologie égyptienne, 2013
L'or des pharaons - 2500 ans d'orfèvrerie dans l'Egypte ancienne, Catalogue de l'exposition de l'été 2018 au Grimaldi Forum de Monaco, Christiane Ziegler
Philippe Guizard, Les trésors oubliés de Tanis, Académie des Sciences et Lettres de Montpellier 49, Séance du 9 février 2015
https://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/GUIZARD-2015.pdf?fbclid=IwAR3eeAB--_oY1k6EHens1t-0S6r5oJsR6JNjyKJb2PmO27z8uyblFO1qqHI
Damien Agut, Juan Carlos Moreno-Garcia, L'Égypte des pharaons - de Narmer, 3150 av. J.-C. à Dioclétien, 284 ap. J.-C., Belin, 2016
Pierre Tallet, Frédéric Payraudeau, Chloé Ragazzolli, Claire Somaglino, L'Egypte pharaonique, histoire, société, culture, Armand Colin, 2019
Zahi Hawass, Catalogue de l'exposition Ramsès & l'or des pharaons, Laboratoriorosso, 2021
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