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| En haut : le site de Touna el-Gebel ; Sami Gabra ; temple de Ptosiris En bas : temple de Pétosoris - Nekhbet et Ouadjet protègent Khépri |
Après des études secondaires au Collège américain d’Assiout, puis à celui de Beyrouth, et des études de Droit à l’Université de Bordeaux (France), l’Égyptien Sami Gabra (24 avril 1892 - 19 mai 1979) décide de s’orienter vers l’égyptologie, avec l’aide d’Ahmed Kamal, le : "pionnier des études de l’ancienne Égypte dans son propre pays". Il poursuit son cursus à l’Université de Liverpool (1923-1925), où il obtient un diplôme en archéologie, et ensuite à la Sorbonne (1925-1928), pour son doctorat dans la même discipline.
De retour dans son pays en 1928, Sami Gabra entreprend une carrière d’égyptologue, tout d’abord comme Conservateur au Musée égyptien du Caire - “cinq années inoubliables” dira-t-il -, époque durant laquelle la direction générale du Service des Antiquités est confiée à Pierre Lacau, dont il appréciera la détermination à empêcher les missions archéologiques étrangères de dépouiller le patrimoine égyptien pour enrichir leurs propres musées nationaux. Dans le même esprit, quitte à faire l’impasse sur ses collègues égyptiens, il n’aura pas de mots trop élogieux à l’égard des Champollion, Lefebvre, Engelbach, Maspero, Loret et Drioton dont il louera le souci de “servir la science et l’Égypte, avec rectitude et modestie”.
En 1930, il est nommé professeur d’égyptologie à l’Université Fouad Ier du Caire, fonction qu’il exercera jusqu’à sa retraite, en 1952. Il est le premier Égyptien à présider l’Institut d’Archéologie égyptienne.
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| Sami Gabra’s 1930 dig house at Tuna el-Gebel. Thanks, Mélanie Catherine Flossman-Schütze ! Photo prise sur le site de t3wy foundation |
Conjointement à ses responsabilités professorales, il consacre une part très importante de son temps à des chantiers de fouilles : Deir Tassa (1929), où il met au jour un cimetière badarien, des objets ménagers de village prédynastique, un cimetière protodynastique et quelques sépultures de la XVIIIe dynastie ; Tourah (1931) et surtout Touna el-Gebel, la nécropole d’Hermopolis Magna, où il intervient de 1931 à 1952, avec une seule interruption durant la Seconde Guerre mondiale.
Nous ne saurions trouver meilleur guide que le chanoine Étienne Drioton, qui a remplacé Pierre Lacau à la Direction des Antiquités égyptiennes en juin1936, pour nous faire découvrir le chantier de fouilles de Touna el-Gebel : "Ces fouilles, écrit-il, sur l'emplacement de la nécropole de l'ancienne Hermopolis Magna, furent inaugurées le 3 février 1931 par le Professeur Sami Gabra. Leur objectif était de découvrir la nécropole à laquelle devait appartenir le célèbre temple-tombeau du grand-prêtre d'Hermopolis Pétosiris, dégagé par Gustave Lefebvre en 1920. Le Professeur Sami Gabra commença les excavations sur quatre points : immédiatement à l'arrière du temple de Pétosiris, à une centaine de mètres à l'est sur l'emplacement du temple de Padykam, au sud, au milieu présumé de la ville funéraire, à l'ouest sur l'emplacement d'un puits gigantesque. Dans ses premières campagnes, le Professeur Sami Gabra exhuma, à l'arrière du temple de Pétosiris, une série de temples-tombeaux de style grec, et, dans la ville funéraire, des quartiers entiers de maisons fort bien conservées, décorées en style alexandrin pur ou en style gréco-égyptien, le tout datant de l'époque comprise entre le IIIe siècle avant et le IIIe après J.-C. La liaison entre ces deux secteurs de fouilles fut opérée en 1935. En 1933, le Professeur Sami Gabra avait découvert, à l'ouest du temple de Pétosiris, une barrière de pierre monumentale entourant un terrain réservé où aucun édifice n'avait été construit. Il la suivit en 1936 et il découvrit ainsi, sur son côté sud, un temple en relation avec le puits gigantesque d'époque romaine, qu'il remit en état. En 1937, le Professeur Sami Gabra pénétra dans les galeries d'ensevelissement des ibis et singes sacrés. Il continue depuis lors l'exploration méthodique de ces catacombes qui se développent sur des kilomètres et qui lui livrent sans cesse, en plus des momies de singes et d'ibis, des statuettes de bronze, des céramiques fines, des papyrus démotiques ou grecs, des chapelles décorées, et, même, comme ce fut le cas en 1939, des sépultures intactes de grands prêtres d'Hermopolis." ("Journal des savants", 1940)
Le "Who Was Who in Egyptology" (The Egypt Exploration Society, 2012) précise par ailleurs que Sami Gabra est l’un des membres fondateurs de la Société d’Archéologie Copte (1934), ainsi que le fondateur et directeur de l’Institut des Études Coptes (1953-1979).
Après sa retraite, en 1953, il enseigne deux années à l’Université de Chicago. À son retour en Égypte, il prend une part active dans la création du musée de Malawi.
Nous lisons dans "Contesting Antiquity in Egypt : Archaeologies, Museums, and the Struggle for Identities from World War I to Nasser", de Donald Malcolm Reid : "Sami Gabra a écrit que 'les pauvres villages d’Égypte, près des chantiers de fouilles, n’ont jamais oublié la sollicitude de ces grands maîtres étrangers [les archéologues occidentaux], si humains envers les paysans et leur progéniture'. Gabra était un romantique. L’archéologie et le tourisme occidentaux étaient aussi immensément destructeurs des coutumes et de l’économie locales."
Romantisme pour romantisme, concluons ce bref parcours biographique consacré à l’une des grandes figures de l’égyptologie égyptienne par ces termes plus qu’élogieux que l’égyptologue allemand Adolf Erman adressait à Sami Gabra : "Vous êtes Copte… du sang d’Aménophis III, ce cher Pharaon que j’aurais aimer voir dans un autre âge."
Marc Chartier
sources :
Ghali, M. B. "Sami Gabra (1893-1979)." Bulletin de la Société d'archéologie copte 24 (1979-1982)
http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/ref/collection/cce/id/1701
Drioton Étienne, “Fouilles de l'Université égyptienne”, In : “Journal des savants”, juillet-septembre 1940
http://archiv.ub.uni-heidelberg.de/propylaeumdok/365/1/Gabra_Fouilles_1930.pdf Contesting Antiquity in Egypt : Archaeologies, Museums, and the Struggle for Identities from World War I to Nasser, by Donald Malcolm Reid, The American University in Cairo Press, 2015
http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContentPrint/32/97/14840.aspx
http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/1109/32/97/14841/Des-empreintes-marquantes.aspx
http://egyptophile.blogspot.nl/2015/11/le-temple-tombeau-du-grand-pretre-de.html




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