vendredi 3 juillet 2015

Rex Engelbah fait parler l'obélisque inachevé d'Assouan

Partially quarried "Unfinished Obelisk"; 18th Dynasty or 1539-1292 BC.
(Underwood & Underwood Co.; photos taken between 1900 and 1920).
Ces photos montrent l'obélisque comme il était lorsque Engelbach a commencé à l'étudier.


En 1920, Reginald - Rex - Engelbach est nommé inspecteur chef des Antiquités de Haute-Égypte et s'installe à Louqsor. Il participe, avec Alan Gardiner et Arthur Weigall, à la rédaction de "A Topographical Catalogue of the Private Tombs of Thebes" et supervise l'ensemble des chantiers de fouilles du secteur, dont ceux de la Vallée des Rois. Il est également présent lors de la découverte de la tombe de Toutankhamon.

Mais, en 1922-1923, au sud de Thèbes, aux portes de la Nubie, il s'intéresse à un endroit très particulier d'Assouan : une carrière de granit. La région est réputée pour cela, car comme l'écrit Clot Bey, elle recèle : "des variétés de granit, si fameuses dans l’antiquité, connues sous le nom de syenits. On trouve dans ce banc minéralogique des syenits rose, porphyrique, rose et jaune, gris, blanc et noir, gris et rose, veiné et noir ; du gneiss porphyrique, des granits blancs et quartzeux."

La carrière qui polarise l'attention d'Engelbach est située au sud-est du grand cimetière musulman et elle ne l'intéresse pas seulement pour la qualité de sa pierre, mais parce qu'elle conserve en son sein un "obélisque inachevé".

Il a une formation d'ingénieur et trouve là un sujet d'étude fort intéressant : il cherche à comprendre pourquoi cette immense masse longiforme taillée dans le granit, ce monument de plus de 1100 tonnes, qui aurait dû élever fièrement ses 40 m dans un temple, ce symbole solaire par excellence, gît, abandonné dans cette carrière depuis des siècles, précisément depuis le Nouvel Empire.

Il pressent que ce qui dans l'antiquité a dû apparaître comme une catastrophe, une perte de temps pour les ouvriers et les commanditaires, recèle une mine d'informations, une source de connaissances et de compréhension sur le travail et l'extraction de ces monolithes aux époques pharaoniques.

Il consacre plusieurs saisons à explorer le site, il excave, déblaie, dégage la fosse qui entoure l'obélisque, tirant informations, remarques et conclusions qu'il restituera dans trois ouvrages.

Dans "The Aswân Obelisk" :  "il fournit une description complète et détaillée de l’obélisque. Loin cependant de se limiter à une description du bloc, des tranchées qui l’entourent, des puits et de certains détails qui l’ont frappé sur le site, il élabore des hypothèses et tente d’élucider la manière dont devaient être conduites les différentes opérations relatives aux obélisques, depuis le marquage sur la surface de la colline granitique de la carrière jusqu’à leur érection devant les pylônes des temples."

Dans "The Problem of the Obelisks", "il expose les étapes de la réalisation de l’obélisque en quatre points : - égalisation de la couche supérieure du bloc obtenue par choc thermique; - usage de boules de dolérite pour égaliser les surfaces ; - dessin des contours de l’obélisque tracés sur la surface supérieure après aplanissement ; - réalisation de la tranchée qui l’entoure". 

Il en arrive notamment à ce constat sidérant : "On n’utilisait ni ciseaux ni coins pour détacher l’obélisque de la carrière ; les boules de dolérite étaient les seuls outils utilisés. En d’autres termes, l’obélisque n’était pas taillé, mais excavé… Non seulement les côtés, mais aussi la face inférieure de l’obélisque étaient détachés par percussion."

Et enfin, dans "The Wonder of the Obelisk", il résume l'ensemble des connaissances acquises au cours de ses fouilles.

Si cet obélisque inachevé, abandonné là, n'a pas illuminé un temple de sa présence, il a empli bien d'autres fonctions. Il a, grâce à Engelbach, apporté la lumière sur la "fabrication" de ses semblables. Il a également porté à notre connaissance l'excellent degré de technicité dont jouissaient les tailleurs de pierre, et il rappelle, toujours, le rapport quasi philosophale que les anciens Égyptiens entretenaient avec la pierre…

marie grillot

sources :
https://archive.org/details/problemofobelisk00enge
http://www.ifao.egnet.net/bifao/109/
https://archive.org/details/problemofobelisk00enge
https://archive.org/stream/aswnobeliskwiths00egyp#page/4/mode/2up
http://www.ngu.no/upload/Publikasjoner/Special%20publication/SP12_s87-98.pdf 

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