samedi 11 octobre 2014

Xavier Marmier, un homme de lettres précurseur du tourisme moderne

Xavier Marmier (22 juin 1808 - 11 octobre 1892) 
Romancier, poète, traducteur des littératures du Nord, professeur, rédacteur en chef de la “Revue germanique”, bibliothécaire, académicien, bref ! homme de lettres, Xavier Marmier (22 juin 1808 - 11 octobre 1892) est considéré comme un “passeur culturel” qui a su allier la plume au goût du voyage.
Ce besoin de l’ailleurs le conduit non seulement loin de sa Franche-Comté natale à… Paris, mais également au-delà des frontières : plusieurs expéditions maritimes en Islande et en Scandinavie ; puis d’autres périples plus ou moins lointains aux Pays-Bas, en Finlande, en Russie, en Pologne, au Moyen-Orient, en Algérie, en Amérique du Nord et du Sud.

De son passage en Syrie, en Palestine et en Égypte, bien que ne se reconnaissant “ni savant, ni archéologue”, mais puisant des explications chez les auteurs qui ont déjà, selon lui, "assez disserté sur le sujet", il retient cet enseignement : “Ce qui donne aux voyages en Orient tant de supériorité sur ceux que l’on peut faire dans le Nord, c’est ce magnifique souvenir des anciens temps qui rayonne sur la misérable stérilité des temps modernes”.

Xavier Marmier (22 juin 1808 - 11 octobre 1892) 
On se plaît à souligner, dans sa personnalité de précurseur du tourisme moderne qui veut “voir les lieux où le soleil se lève”, des qualités d’observation, un attrait pour le pittoresque que ne connaissent pas “les voyageurs qui ont besoin de guides et d’intermédiaire”, car ils perdent “une foule d’observations intéressantes et de petites jouissances indéfinissables que nulle satisfaction matérielle ne peut compenser”.

Puisons une illustration de ce sens affiné de l’observation dans la description que l’auteur propose du Caire dans son ouvrage “Du Rhin au Nil”, publié en 1847. On y remarquera, clairement affichée, son admiration pour l’oeuvre “de grandeur et d’embellissement” de Méhémet-Ali (il sera le dernier à en tracer un portrait "français"), mais également des descriptions attestant d’un abîme avec la mégapole surpeuplée et chaotique que nous connaissons aujourd’hui. Lisons plutôt :
À sept heures du matin, le mouvement du Caire commence ; au coucher du soleil, il cesse tout à coup comme par enchantement. On dirait une mer bruyante aplanie en un instant par un grand calme. Boutiques et ateliers, tout est clos, et tous les habitants sont rentrés dans leur demeure. Nul quartier n’étant éclairé, celui qui, à cette heure de solitude et de silence, se trouverait encore dans les rues, est obligé d’avoir un fanal allumé et serait mis à l’amende s’il ne prenait cette précaution. 



Xavier Marmier (22 juin 1808 - 11 octobre 1892)
Sur le Caire "“Pendant le jour, cette grande ville peuplée de tant de races différentes, c
ette ville de trois cent mille âmes se meut, marche, travaille…"
Pendant le jour, cette grande ville peuplée de tant de races différentes, cette ville de trois cent mille âmes se meut, marche, travaille, et se récrée avec la tranquille régularité d’un rouage d’horloge, ou d’une ville hollandaise.
Dans les nombreuses excursions que j’y ai faites, tantôt d’un côté et tantôt de l’autre, je n’y ai pas vu une seule rixe, et n’ai pas été témoin d’une seule scène de brutalité. Je ne pourrais en dire autant des principales cités de l’Europe. Ce qui frappe surtout l’étranger dans les villes d’Orient, et plus encore dans une ville aussi populeuse que le Caire, c’est l’austère réserve des hommes envers les femmes. Non seulement il n’est pas permis de s’approcher d’elles, de les aborder, mais un musulman qui rencontrerait sur son passage son épouse légitime, sa soeur ou sa fille, n’oserait la saluer. (...)



Xavier Marmier (22 juin 1808 - 11 octobre 1892)
En établissant un règlement de police et de discipline dans sa capitale, Méhémet-Ali en a facilité l’exécution par les travaux qu’il a ordonnés dans les quartiers les plus habités et les rues les plus étroites. On ne saurait se faire une idée de tout ce qu’il a, depuis une dizaine d’années, déblayé, démoli et reconstruit. Il semble qu’il ne soit content que lorsqu’il entend du salon de son palais le bruit des charrettes qui enlèvent des décombres, des scies qui tranchent les blocs de pierre ou des truelles qui crépissent un mur.
Marc Chartier

Plus d’informations :
http://books.google.com.au/books/about/Du_Rhin_au_Nil.html?id=6u9aAAAAQAAJ
Jean-Marie Carré, “Voyageurs et écrivains français en Egypte”, tome deuxième, 1956

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