mardi 24 juin 2014

La grotte sacrée de la Vallée des Reines

La Vallée des Reines avec, au milieu à droite, la grotte sacrée
(photo de marie grillot) 


Lorsque nous visitons la Vallée des Reines, notre attention est toute tournée vers les splendeurs des demeures d'éternité des épouses royales, princes, princesses et parfois hauts dignitaires du Nouvel Empire

Cette nécropole est un lieu hautement symbolique. Il est cependant une "symbolique" importante à côté de laquelle nous risquons de passer : la grotte sacrée.

Voici des extraits de la présentation qu'en a faite Fernand Schwarz, dans un article paru dans ‘Pharaon magazine’ :

"La vallée des Reines fut appelée au Nouvel Empire Ta setNéférou, la 'Place des Splendeurs'. Elle est le pendant symbolique de la vallée des Rois, la "Grande Prairie" (Sekhet- at) au nord de la montagne sacrée, totalement fermée au regard des vivants. Elle désigne l’emplacement symbolique de ces fleurs mythologiques qui assuraient la renaissance solaire aux défunts royaux inhumés dans les entrailles de la montagne de l’Occident.
Le fond de la vallée des Reines est dominé par l’entrée haute et étroite d’une immense grotte. Façonnée à l’image d’un utérus géant d’où renaissaient les trépassés royaux après leur périple chtonien, la grotte était vouée au culte d’Hathor, vache divine, maîtresse du domaine des morts. La grotte sacrée de la vallée de Reines, joue un rôle essentiel dans la naissance divine de Pharaon.
Elle recrée l’antre cosmique de la vache Hathor, celle qui ré-infante pour l’éternité l’humanité ayant quitté la dimension terrestre. Dans la religion thébaine, Hathor, qui est dans la montagne occidentale, devient déesse funéraire ; elle reçoit alors le défunt, devenu son enfant, dans le giron mystique de la tombe-montagne. Elle l’aide à renaître comme, en tant que Isis-Hathor, elle a veillé sur Horus dans le marais de papyrus de Khemmis.
Il est alors courant de la voir représentée en tant que vache émergeant d’un fourré de papyrus au pied de la montagne occidentale de Thèbes, regardant dans la direction du soleil levant. Sa résidence de papyrus dans les marécages symbolise le lieu où se reforme le germe du trépassé. Par sa présence, elle assure la renaissance des défunts passés à l’état d’Osiris, comme elle assure la pérennité pour le soleil renouvelé. Dans cette oeuvre, elle joue un double rôle, celui de l’amante et de la mère nourricière : c’est la déesse aux deux visages, à laquelle correspondent les chapiteaux à double face du Nouvel Empire. L’une est pour le monde des trépassés : c’est Hathor-Sekhmet, "Celle qui préside à l’Occident" ou Nebet Imentet, "Maîtresse de l’Occident". L’autre est tournée vers la rive des vivants, Hathor-Sothis, Hathor Hery(t)-em Ouaset, "Celle qui réside à Thèbes". C’est elle qui remet au monde le jeune dieu issu d’Osiris et renforce la jouvence de pharaon. Hathor reçoit dans l’autre monde les défunts qui la fécondent pour pouvoir renaître de leurs propres oeuvres à la vie éternelle.
En se plaçant au centre de la grotte orientée Est-Ouest, le regard aboutit, en ligne droite, au milieu des Colosses de Memnon, vestiges encore dressés du temple jubilaire d’Aménophis III, qui, eux-mêmes, regardent le temple de Louxor sur la rive des vivants. Le temple de Louxor est dédié à la royauté et à travers les fêtes de l’Opet, à la continuité de la monarchie pharaonique à travers les rites qui célébraient la théogamie divine. Il s’agit de l’union d’Amon, le dieu protecteur de Thèbes, avec la reine pour favoriser la naissance d’un nouveau roi sur Terre. Ainsi, la grotte sacrée et le temple de Louxor se relient symboliquement à travers la fonction de l’enfantement de pharaon dans le ciel et dans la terre. Il est probable que la fonction cérémonielle de la grotte ait été établie définitivement dès le début de la XIXe dynastie.
Près de 25 mètres plus haut, une cascade domine, sporadiquement alimentée par les eaux des pluies diluviennes propres aux régions désertiques. La cascade, avec ses chutes, matérialise "la perte des eaux" de la déesse accouchant l’Enfant divin !"

La "symbolique " de l'Égypte ancienne, l'extraordinaire présence des dieux, cette communion fusionnelle avec les éléments naturels, ne cessent de nous surprendre et de nous fasciner !

marie grillot

Nos sincères remerciements à l'auteur et à François Tonic, rédacteur en chef de Pharaon magazine
http://fernand.schwarz.free.fr/IMG/pdf/Ph4_grotte_sacree_FS.pdf
La grotte sacrée, Fernand Schwarz, Pharaon n°4

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