mardi 24 juin 2014

Jean-Baptiste Jollois - la campagne d'Égypte avec un "X"

Zodiaque circulaire de Dendérah (Antiquités, t. IV, pl. 21) : dessin de Prosper Jollois et d'Édouard de Villiers Du Terrage

Jean-Baptiste Prosper Jollois fait partie des savants du corps expéditionnaire français qui partent de Toulon, le 19 mai 1798 (30 floréal an VI), vers l'Égypte.
Il n'a que 23 ans, une grande envie de voyager et de découvrir d'autres horizons, conjuguée à un "ardent désir" d'acquérir de l'instruction, de l'expérience et la "conviction intime que ce voyage lui sera utile".

Doté d'une grande intelligence, d'une curiosité insatiable et d'un esprit bien fait, iI est l'un des quarante polytechniciens (élèves, anciens élèves et professeurs) qui participent à l'incroyable aventure de ces "savants". C'est en Égypte qu'il obtient son diplôme d'ingénieur des Ponts et Chaussées.

La Commission des savants s'installe tout d'abord à Rosette. Jollois prend de nombreux relevés et dessins de la ville et des environs. Puis les savants rallient le Caire où tout est prêt pour les accueillir, y compris le nouvel Institut, créé le 22 août 1798.

En mars 1799, Jollois fait partie des savants qui partent avec la Division Desaix vers la Haute-Égypte. Il y a notamment son grand ami de Villiers du Terrage, ainsi que Dubois-Aymé, Duchanoy, Descotils, Rozière, Dupuy… Leur mission est de recueillir des renseignements sur le commerce, l'agriculture, l'irrigation, et relever le profil du Nil. Mais ils doivent également mener une étude scientifique des monuments et vestiges de l'antiquité.

Ils sont souvent émerveillés par ce qu'ils découvrent : "… Nous arrivâmes à Denderah, l’ancienne Tentyris, célèbre par le magnifique temple d’Hathor, dont le portique subsiste encore avec ses huit colonnes, brillantes de couleurs que le temps n’a pas effacées, et surmontées de leurs chapiteaux étranges, formés par des têtes de femmes à oreilles de génisse…"

Desaix leur signale "un zodiaque circulaire avec, en son milieu, des figures hiéroglyphiques et des représentations de divinités égyptiennes". Avec Villiers du Terrage, ils en font des dessins sur lesquels Castex se basera pour réaliser sa copie en marbre. "Le vif intérêt qu’avait excité, chez MM. Jollois et de Villiers, un monument si précieux, les avait animés à en chercher d’autres du même genre. C’est donc à M. Jollois et à son collaborateur que le monde savant est redevable de la connaissance de ces planisphères égyptiens dont les discussions et les recherches qu’ils ont amenées font assez sentir l’importance historique.” Ils rédigeront un mémoire sur les bas-reliefs astronomiques antiques et sur la connaissance qu'avaient les Égyptiens de la majeure partie des constellations.

A Thèbes, toujours inséparables, "n'hésitant pas à enfreindre les ordres de leur chef et à courir des dangers, ils partent sans escorte, multiplient les relevés, mesurent inlassablement temples et hypogées". On leur doit une riche et belle "Description générale de Thèbes, contenant une exposition détaillée de l'état actuel de ses ruines, et suivie de recherches critiques sur l'histoire et sur l'étendue de cette première capitale de l'Égypte". On y distingue notamment celle du "Tombeau Osymandyas désigné par quelques voyageurs sous la dénomination de Palais de Memnon, ou encore Memnonium" (le Ramasseum).

Ils s'improvisent même égyptologues en découvrant, en août 1799, dans la vallée des singes, la tombe d'Amenophis III (WV23).

Ils remontent le Nil jusqu'à Philae, puis, en novembre, ils rentrent au Caire. Jollois est ensuite muté dans le Delta afin d'inspecter les travaux hydrauliques.

À son retour en France, il est nommé secrétaire de la "Description de l'Égypte". Il l'enrichit de nombre de dessins et mémoires.

Sa carrière d'ingénieur des Ponts et Chaussées se poursuit dans les Vosges et dans le département de la Seine, mais dans chacun de ses postes, la passion de l'archéologie le mènera à effectuer des recherches… On peut penser aussi que son attrait pour les antiquités ne s'est jamais démenti, ni altéré, puisqu'on le retrouve comme président de la Société royale des antiquaires de France.

Il meurt le 24 juin 1842 et il est enterré à Paris, dans la 12e division du cimetière de Montmartre.

marie grillot

sources :
Les savants en Égypte, Museum d'histoire naturelle, Nathan 1998
http://www.sabix.org/bulletin/b1/1.html
http://books.google.fr/books?id=anU5AAAAcAAJ&pg=PA93&dq=jollois+jomard&hl=fr&sa=X&ei=n6qlU_OjIIjDO4fxgfgF&ved=0CDcQ6AEwBA#v=onepage&q=jollois%20jomard&f=false
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Prosper_Jollois
http://books.google.fr/books?id=R6pNAAAAMAAJ&pg=RA1-PA33&dq=Jean-Baptiste+Jollois&hl=fr&redir_esc=y#v=onepage&q=Jean-Baptiste%20Jollois&f=false http://books.google.fr/books?id=2Y1CAAAAcAAJ&pg=PA161&lpg=PA161&dq=jean+baptiste+prosper+jollois&source=bl&ots=8MxcAnQhey&sig=XhXvXIOG2HZv7AAOvTGb3D0Rru4&hl=fr&sa=X&ei=WlabU7LcJcvB0gXc-oGwBg&ved=0CFcQ6AEwCDgK#v=onepage&q=jean%20baptiste%20prosper%20jollois&f=false
http://books.google.fr/books?id=ZI9CAAAAcAAJ&pg=PA1&lpg=PA1&dq=jean+baptiste+prosper+jollois&source=bl&ots=tb2iZ08rA9&sig=bbxR_nApwNT6Hc1pQC3J7RRsd6M&hl=fr&sa=X&ei=OVibU9OUEubX0QXhw4C4AQ&ved=0CB8Q6AEwADgU#v=onepage&q=jean%20baptiste%20prosper%20jollois&f=false
http://www.worldcat.org/identities/lccn-n2003-53093/
http://data.bnf.fr/12736337/jean-baptiste-prosper_jollois/

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