En marge de l'inauguration du canal de Suez, de somptueuses fêtes sont organisées pour divertir et éblouir les prestigieux invités. Le khédive Ismaïl Pacha souhaite que l'ouverture du nouvel opéra du Caire soit associée à la création d'une oeuvre toute à la gloire de l'Égypte. Grand admirateur de Verdi, c'est vers lui qu'il se tourne. C'est ainsi qu'Aïda voit le jour, un opéra "égyptien" ou "égyptianisant" auréolé du prestige du maestro.
Ce que l'on sait moins, c'est qu'Auguste Mariette est l'autre grand contributeur à la réalisation de cette œuvre. Il est chargé d'écrire le livret (libretto) d'imaginer les décors et les costumes. Il accomplit ce travail avec passion et sérieux. "Aïda préoccupait l'illustre égyptologue autant que ses chères antiquités" peut-on lire. Il met l'ensemble de ses compétences au service de ce travail inhabituel, se remet à l'aquarelle. Il souhaite que tout soit en parfaite concordance historique, il travaille jusqu'à la consonance du nom des personnages !
Il s'agit d'un opéra en quatre actes avec un prélude somptueux, des chœurs époustouflants, des arias magnifiques. Une histoire dramatique à souhait comme seuls les opéras en ont le secret.
Aïda, fille du roi d'Ethiopie Amonasro, est l'esclave d'Amnéris la fille de pharaon. Elles aiment toutes les deux Radamès, un beau et valeureux guerrier. Radamès, lui, n'aime qu'Aïda. Ayant mené les armées de Pharaon à la victoire, celui-ci, en guise de reconnaissance, lui offre la main d'Amnéris.
Le triangle destructeur est en marche. L'amour, l'amour de la patrie, la jalousie, la sincérité, la trahison, la puissance, la gloire, la tromperie, tous ces sentiments se mêlent, se conjuguent, jusqu'à un dénouement final… et fatal ! Radamès est condamné à être emmuré vivant. Alors qu'il pense que sa vie le quitte, "il entend un sanglot, il voit une ombre et reconnaît Aïda qui a choisi de venir mourir avec lui. Ensemble, les deux amants prennent congé de la "vallée des larmes".
L'opéra du Caire - 1000 places - sera terminé en 6 mois. Plus vite que l'opéra de Verdi.
L'histoire est en effet écrite, mais Verdi laisse traîner. Il demande de plus en plus d'argent. "Il se fait envoyer de Constantinople un air turc, et du Caire une mélodie accompagnant à la flûte les derviches tourneurs. Il essaie de récréer les sonorités des trompettes de l'Egypte ancienne qui, selon Plutarque, rappelaient les cris de l'âme." (Robert Solé).
Aïda ne pourra être joué pour les cérémonies inaugurales : c'est Rigoletto qui sera donné le 1er novembre 1869.
L'opéra ne sera présenté au Caire que le 24 décembre 1871, soit deux ans après l'inauguration du canal de Suez.
Aïda recueillera un incroyable triomphe lors de sa première représentation à la Scala de Milan le 8 février 1872. Verdi est rappelé 32 fois et reçoit, en hommage, une baguette en ivoire rehaussée d'une étoile de diamant. Un accueil magistral lui sera réservé, à Paris, le 22 avril 1876.
Depuis près d'un siècle et demi, Aïda est joué sur les plus grandes scènes du monde. L'Egypte a fait "sien" cet opéra qualifié d' "oeuvre à la fois flamboyante et hiératique, spectaculaire et intérieure, l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de Verdi".
Des représentations grandioses ont eu lieu sur les sites prestigieux de Deir al-Baharî en 1987, 1994, 1997 ; sur le plateau de Gîza en 1998, 1999, 2002, 2010.
Après avoir écrit plus de 30 opéras (parmi les plus connus : Nabucco, Rigoletto, Le Trouvère, Don Carlos, La Force du Destin, La Traviata), Verdi s'éteint le 27 janvier 1901 à Milan. Mais Aïda et ses trompettes n'en finissent pas de porter la renommée et la gloire de l'Egypte.
marie grillot
sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Giuseppe_Verdi
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aida
http://www.festival-la-perla.ch/fr/aida/aida-story.asp
http://ema.revues.org/2903
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