Pour marquer l’anniversaire de la Révolution du 25 janvier 2011, la revue de presse "Égypte-actualités" est heureuse d’accueillir un éditorial du journaliste égyptien Nabil El Choubachy, publié ici en exclusivité.
"C'est l'histoire d'un peuple qui est descendu sur la place Tahrir et dans les rues de son pays pour chasser un régime corrompu, un régime sclérosé par plus de trente années de pouvoir.
C'est l'histoire d'un peuple qui scandait 'du pain, de la liberté, de la justice sociale'.
C'est l'histoire d'un peuple qui a réussi en trois semaines à chasser un dictateur, sa famille et ses sbires.
C'est l'histoire d'un peuple qui a applaudi quand son armée est descendue dans les rues pour protéger sa Révolution et qui a crié que 'l'armée et le peuple sont une seule main'. C'est l'histoire d'un peuple qui a vu ses jeunes perdre leur vie dans un stade de Port Said et à Maspero, perdre leurs yeux à Tahrir et perdre leur dignité rue Mohamed Mahmoud.
C'est l'histoire d'un peuple qui a écrit l'histoire de sa Révolution avec des graffitis et des tags.
C'est l'histoire d'un peuple qui avait perdu confiance en son armée.
C'est l'histoire d'un peuple qui a cru que Mohamed Morsi était le candidat de la Révolution et qui a voté pour lui pour barrer la route à un candidat issu du régime de Moubarak.
C'est l'histoire d'un peuple qui s'est retrouvé avec un président de la République islamiste, issu de la confrérie des frères musulmans.
C'est l'histoire d'un peuple qui a vu son président lui promettre qu'il allait être le président de tous les Égyptiens mais qui n'a cessé de diviser le pays et de tenter de frériser ses institutions.
C'est l'histoire d'un peuple qui s'est aperçu au fil des mois qu'il avait choisi un chef de l'État sectaire, incompétent, qui ne gouvernait le pays que pour le bien-être de sa confrérie et de ses proches.
C'est l'histoire d'un peuple qui a vu son président détenir les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et prendre un chemin dictatorial pire encore que celui de Moubarak.
C'est l'histoire d'un peuple qui a vite compris que son président n'était en fait qu'un fidèle soldat de la confrérie des frères musulmans, qu'un pantin dans une secte à la hiérarchie bien établie, qu'il recevait ses ordres de son guide suprême, et qu'il menait le pays au chaos à la vitesse grand V.
C'est l'histoire d'un peuple qui ne voulait pas être divisé en musulman ou chrétien, en laïc ou islamiste.
C'est l'histoire d'un peuple qui ne voulait pas que ses juges soient bafoués, que ses intellectuels soient bâillonnés, que sa presse soit muselée et que ses artistes soient humiliés.
C'est l'histoire d'un peuple qui a vu les milices de son président lyncher des manifestants pacifistes devant le palais de l'Ittihadeya.
C'est l'histoire d'un peuple qui est descendu par millions le 30 juin 2013 pour dire à son président que sa date de péremption était arrivée à son terme, que son incompétence avait dépassé les bornes, qu'il ne le représentait plus et qu'il voulait qu'il quitte un poste, visiblement trop grand pour ses maigres capacités.
C'est l'histoire d'un peuple qui a vu son armée se ranger à ses côtés pour sauver le pays du fascisme islamiste dans lequel il s'enfonçait.
C'est l'histoire d'un peuple qui a retrouvé foi en son armée, qui a pris conscience que sans son intervention, le pays pouvait s'enliser et connaître un scénario à la syrienne.
C'est l'histoire d'un peuple qui est resté uni et solidaire alors que ses églises brûlaient, que ses bâtiments publics, ses commissariats, ses universités, ses écoles étaient vandalisés. C'est l'histoire d'un peuple qui a combattu le terrorisme venant d'une confrérie qui a écrit son histoire dans la violence et dans le sang.
C'est l'histoire d'un peuple qui a refusé de se soumettre aux forces étrangères et aux agendas qu'elles avaient fixés pour lui.
C'est l'histoire d'un peuple qui aspire enfin à construire son pays sur de nouvelles bases et qui veut gérer seul son avenir.
Bref, c'est l'histoire du peuple égyptien depuis cette glorieuse Révolution du 25 janvier 2011."
Nabil El Choubachy
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